La période estivale n’est pas seulement celle du repos mais aussi celle du développement personnel ! Pas un kiosque, pas une librairie qui ne propose une méthode en trois ou dix étapes (vous pouvez prendre toutes les graduations…) pour se ressourcer, lâcher prise, améliorer ses relations ……. (là aussi vous pouvez compléter la liste).

 

Si l’être humain est, intrinsèquement, dans une logique d’évolution, voilà bien un signe qui le prouve. (Même s’il est dommage que ce mouvement de développement ne concerne qu’une période de l’année, c’est un peu comme si je ne prenais une nourriture saine qu’un mois par an !).

 

Dans les best seller de cette année « Vivre l’instant présent ». Une formule tellement utilisée qu’elle me semble galvaudée. Galvaudée, parce que, implicite ou nommé, un sous titre y est généralement ajouté, – pour « calmer le mental (ou tuer l’égo !), se détacher du passé, être moins angoissé ou se faire un futur heureux. » Vivre l’instant présent n’est pas une fin en soi mais le passage inévitable vers un objectif. Celui ou tout doit être agréable. Celui par conséquent qui nous rend malheureux et impuissant, puisqu’inatteignable.

Là, je m’interroge sur la cohérence de la chose. Apprendre à vivre ….? Nous sommes des êtres vivants, nous possédons une réalité, nous existons. Dans cette réalité, – qui n’est que dans l’instant, – nous portons toutes les histoires du passé, toute la puissance du présent et tout le potentiel du futur, – je n’en ferai pas la leçon aux sophrologues qui ont éprouvé les 4 degrés de leur méthode et par là même les bases de la phénoménologie. C’est là, immédiatement disponible. Avons nous besoin de l’apprendre, alors que nous en sommes « encombrés » la plupart du temps ?

Vouloir « apprendre à vivre  l’instant présent » n’est-il pas, justement, fuir l’instant présent ? Ne vouloir en garder que « le positif », n’être à la recherche que de ce qui est « acceptable » ou idéalisé ?  Se mettre en état de ne pas écouter ce corps qui a tellement chaud (hé oui cet été !) – qui est inconfortable, de ne pas ressentir ces émotions qui viennent du fond de notre âge, de ne pas éprouver l’inquiétude que nous procure l’avenir ?

Ne pas être avec ce qui est là, – totalement-  ne pas en faire le constat, (les sophrologues ajoutent en général sans analyse, sans jugement !), cet accueil inconditionnel si cher à notre méthode.

 

Accueillir ne signifie en aucun cas subir, combien d’entre nous ont fait cette expérience que l’accueil était une action. Qu’un mouvement naissait de ce « ne rien faire » qui n’est pas un « non agir ». Ne s’arrêtant pas, ne se bloquant pas sur une sensation, une perception particulière, n’anticipant pas une réponse ou une solution, il n’y a pas d’obstacle au flux d’un processus en cours. Pour reprendre un terme sophrologique, ce processus est le processus d’intégration. Devenir un tout – plus complet, – n’est ce pas le projet même de la sophrologie ? Maslow parle de l’actualisation de soi même.

 

Finalement « vivre l’instant présent » n’est-il pas cette chose qui nous paraît si compliquée : être totalement soi-même. Cesser de vouloir être autre chose , – autrement- non pas comme une reddition, mais plutôt comme le socle solide à partir duquel tout devient possible puisque dans le réel vécu ?

 

Et nous sophrologues, que proposons nous dans nos séances, quel apprentissage visons nous ? Quelle vision avons nous ?

 

 Actualiser : faire passer du virtuel à l’acte, rendre actuel.