« L’éducation est un processus de vie, et non une préparation à la vie. »

 

– John Dewey

 

Une nouvelle « rentrée », de nouveaux projets, et bien sûr,  une nouvelle mise en réflexion de nos formations. Les évolutions ces deux années, en matière de formation, de vision du métier, sont là. Aussi, de nouvelles demandes de la part des personnes, quelles soient sophrologues confirmées, dans l’éprouvé du métier, ou dans l’envie de se « former » à un autre métier.

Si ces réflexions nous conduisent à vous proposer de nouveaux séminaires, ou cycles, il reste une constante, c’est que ces propositions restent expérientielles, en sophrologie nous pourrions même dire vivantielles. Il ne suffit pas d’en rester au savoir, à la théorie.

En mettant au centre l’expérience individuelle, c’est une proposition d’expérimenter qu’à partir d’une donnée collective – le vécu d’une séance -, chacun y répond différemment. Il n’y a pas de prédiction possible, pas de règle générale, de réalité commune dans le vécu. Et c’est en reliant l’expérience à la théorie, que se fait l’apprentissage. Ainsi, « l’expérience donne à la théorie son élan vital et son énergie, la théorie fournit une direction à l’expérience »*, et chaque expérience contribue à préparer la personne à des expériences futures plus riches, plus complexes, plus incarnées. L’expérience vécue individuellement et sa conséquence, dans l’apprentissage, sont préparation à la pratique professionnelle.

Si la méthode est essentielle puisqu’elle est le support de l’expérience, elle n’est que l’argument à cette expérience, et à la mise en sens individuelle. La sophrologie une expérience à vivre ? Oui, mais pour donner à cette expérience cette valeur « d’Être (individu) dans le monde »**.

Le troisième cycle de la sophrologie est appelé « cycle existentiel ». Dans l’existentialisme, le savoir, la pensée ne sont pas systématisés. Il n’y a pas de réponses données. Ce qui est éclairé ce sont les questions permettant à chacun d’envisager son rapport au monde,  à son existence. Il est question, ne semble t il, de prendre conscience que sensations, pensées, besoins, désirs et émotions sont absolument subjectifs (et contextuels). Sans cesse renouvelés.

Alors une formation expérientielle, certes. Mais aussi une formation qui prend le temps de faire l’expérience. De la renouveler. De mettre en conscience que chaque expérience est singulière et personnelle, et que d’élaborer une loi, une théorie à partir d’une seule « épreuve » – je prends ce mot dans le sens d’un premier tirage photo – ne conduit qu’à l’appauvrissement, à la systématisation, à la doctrine.

Dans ce temps ou tout semble urgent, où le temps semble compté, mais aussi où les méthodes, les« recettes », les protocoles, et autres secrets négligent notre singularité profonde, proposer des formations expérientielles et « longues » reste un défi. Il est, cependant, important pour l’ensemble des formateurs de l’ISH, (et pour moi), de privilégier le réel de l’expérience vécue plutôt que le monde des concepts. Finalement la sophrologie est, d’abord, une expérience à vivre !

* John Dewey
**Biswanger

 

 


Jacqueline BAUDET - Directrice ISHJacqueline

 

 

 

 

 

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