« Au fond, le seul courage qui nous soit demandé est de faire face à l’étrange, au merveilleux, à l’inexplicable que nous rencontrons »

Reiner Maria Rilke

 

Depuis l’arrivée de la pandémie, nous avons subit des changements, parfois été déstabilisés, émotionnellement, psychiquement, voire physiquement, nous avons dû nous adapter vaille que vaille.

Maintenant la vie « d’après » se réorganise, nouveaux changement ou « encore » des changements.

Pour certains, c’est, épuisés, qu’ils repartent, avec cette idée, (mais qui l’a eu d’ailleurs ?) de « réussir le déconfinement ».

Pour d’autres pas vraiment envie, les obligations de la vie « normale »,  correspondre aux attentes,  retrouver le rythme « d’avant » : ça n’est pas le moment.

Parfois, un peu des deux, enthousiastes et nostalgiques.

Dans cet « épisode de la pandémie », nous avons pris conscience des mises en œuvre pour nous sentir bien, qui là, manquaient : les week-ends en famille, les engagements collectifs, les temps passés à la librairie, aller au cinéma…. totalement tournées vers l’extérieur, ces ressources n’étaient plus accessibles dans le moment, ne pouvaient plus remplir nos besoins.

Pour la plupart d’entre nous, ce manque a agité. Comment « remplir » ? Avec quoi ? Puisque l’extérieur n’était plus accessible, que faire pour se sentir bien ? Quelles ressources mobiliser pour calmer les émotions, faire face à l’inaction, au nouveau rapport à l’espace, au temps ?

Il n’est pas si simple de se  tourner vers ses ressources intérieures. Combien de fois, sophrologues, nous invitons à savourer les petits moments, à goûter le « ne rien faire », à contempler les capacités ?

 

Cette parenthèse nous a révélé à quel point la qualité de nos relations nous rend heureux au quotidien. Les liens forts avec des personnes qui se préoccupent sincèrement de nous, et dont nous nous préoccupons, ont permis, (merci les réseaux sociaux), par la parole à défaut d’autre contact, un peu d’apaisement si ce n’est du réconfort.

 

Nous avons aussi fait l’expérience du retour vers soi, pas simple puisque bien entendu, arrive « spontanément », ce qui pose problème ! Mais se reconnaître créatif, confiant, courageux, compétent ou déterminé ou d’autre choses encore, c‘est contacter nos ressources personnelles et profondes. Y être présent,  quand le sentiment de vacuité, voire d’absurdité pointe, c’est développer la connaissance de soi ! Entrer dans l’idée que nous sommes un processus, donc en perpétuel devenir. Cela aussi peut inquiéter dans de tels moments là où nous avons besoin de certitudes.

 

Cette importance de la relation, ce contact avec les ressources personnelles, réinterrogent profondément l’identité. Toutes ces questions que nous n’avons pas eu le temps (ou l’envie) de nous poser. Comment nous redéfinissons nous après cette expérience? Avons nous envie de voir ? Avons nous envie d’être ce que l’on voit ?

 

Plus largement : qui avons-nous envie d’être maintenant?

 

Si nous considérons ces moments, avec un regard distancié et bienveillant, ils sont une grande source d’enseignements sur nous même. Nous pouvons nous y appuyer,  pour mieux nous connaître, pour orienter nos choix de vie personnelle ou professionnelle dans cette « vie d’après », qui arrive.

 

Pour faire lien avec la phase de Rilke, plus nous avons le courage de faire connaissance avec qui nous sommes, plus nous avons de chance de devenir résilients.

 

Jacqueline Baudet

03/07/2020