Et si on parlait du changement, cœur du métier de sophrologue ?

Il m’arrive encore certains débuts septembre d’avoir cette idée « il faut que je change ……….  sport, culture, alimentation ou travail ! » Par bonheur, pendant au maximum deux heures. Très vite cette velléité d’en faire plus encore me quitte sachant que l’effort s’épuisera rapidement et que le « changement » ne restera qu’une idée ou un espoir.

Dans ce « marronnier » tellement journalistique (j’ajoute féminin ?) je sais que beaucoup de personnes se retrouvent.

En y réfléchissant, ce n’est pas le changement qui pose problème, puisqu’il est désiré. Celui dont je parle bien sûr, pas celui subi. C’est la manière dont il est envisagé.

Justement, celui qui est enduré semble arriver en une fois et s’installer de facto. Nous intégrons l’expérience endurée comme brutale ou sidérante, avec un rapport au temps qui n’est pas pris en compte. Par exemple le changement que vivent les personnes en burnout, alors qu’il ne fait de doute pour personne qu’il se soit « installé » dans le temps !

Le changement désiré demande une autre dynamique.

Sans vouloir hiérarchiser je la vois cette dynamique dans trois points :

  • Savoir n’est pas suffisant. De l’ordre de la pensée ou de la raison, ce savoir n’implique qu’une partie de notre personne. Et que nous en ayons conscience ou non, tout changement implique la présence du corps (nous savons en sophrologie qu’il a son mot à dire), il implique aussi la partie émotionnelle de la personne (eh oui l’émotion met en mouvement !), il implique aussi d’une manière ou l’autre une nouvelle conscience des valeurs qui mènent ce changement.

De savoir comment opérer ce changement n’en donne aucune connaissance. C’est dans l’expérience que va se faire le mouvement et surtout dans la répétition de cette expérience vécue. Une expérience qui donne la place à la totalité de la personne, et surtout qui s’inscrit dans le temps nécessaire, qui est répétée. Je ne cache pas que cela reste un étonnement pour moi cette difficulté devant la répétition. Quelle merveille cette force du désir de mes petits enfants qui recommencent encore et encore les premiers pas pour parvenir à marcher, les chutes pour trottiner, l’articulation des phonèmes pour parler, et je pourrais continuer longtemps encore………..

 

  • Être présent à l’expérience. Et à tous les changements qui s’opèrent, quels qu’ils soient. Cesser le « pilotage automatique » l’absence de conscience, ou la prise de pouvoir d’une des composantes de la personnalité. Dans ce cas du burn out, l’attention, la concentration, (aux ressentis, aux vécus, au rapport au monde), sont soit absentes, soit négligées. Les personnes reconnaissent parfaitement depuis quelques temps le sommeil, les douleurs, la difficulté à être présent …… mais à chaque fois ou presque une explication était « trouvée ». Seule la pensée fonctionnait, sans prise en compte de l’information venant de la globalité. Le psychologue américain Mihaly Csikszentmihalyi apporte une place tout à fait centrale à l’attention et la concentration. En quittant la dispersion et ses velléités, c’est la maîtrise de l’expérience qui est atteinte. Et cette expérience est celle de la personne dans sa globalité. La philosophe Simone Weil ne disait pas autre chose à propos de l’attention, non pour acquérir des connaissances, mais pour être dans la vérité (bien sûr la sienne !).

 

  • Oser la parole vraie. Il est question, là, de la parole qui vient profondément de soi, de sa globalité. Nous sommes les seuls animaux sur terre qui possèdent la parole (je ne parle pas du langage). Comme tout acte, cet acte individuel de parole suppose un sujet. Et comme tout acte encore, il peut changer la réalité : la parole n’est pas sans conséquences ! Elle représente un pouvoir, un moyen pour le sujet de transformer le monde ; c’est aussi et avant tout l’occasion de signifier son propre désir, chemin vers le changement. Pour cela il faut parler en « Je ». Merleau Ponty précise ma pensée « d’une manière ou de l’autre, le mot et la parole cessent d’être une manière de désigner l’objet ou la pensée, pour devenir la présence de cette pensée dans le monde sensible, et, non pas son vêtement, mais son emblème ou son corps ». L’accès à cette parole vive marque bien sûr toute la subjectivité de la personne mais aussi lui permet d’objectiver ce qu’il désire et ainsi de créer le chemin de l’un à l’autre. J’en suis exactement là et je veux aller là. C’est finalement la rencontre avec lui même que lui autorise cette parole de lui à lui.

 Accompagner les personnes c’est en général les accompagner au changement.

Ce changement est bien sûr un objectif à atteindre, mais c’est surtout un chemin à suivre. Vouloir devenir sophrologue c’est vouloir un changement. Dans la sophrologie les arguments que j’ai cités sont présents. Il ne suffit pas de savoir, l’expérience est souveraine, alors répétez. Soyez présents à ce que vous faites, cela ne demande pas des journées complètes, simplement des instants de concentration, d’attention à ce qui est là. Dites votre vérité, prenez la parole, la vôtre, pas une analyse du travail, pas une comparaison à vos références, mais l’état ou vous êtes là maintenant.

Les maîtrisant tous, répétition, attention à ce que vous êtes et à ce que vous faites et parole vraie, c’est le plus beau cadeau sophrologique que vous ferez à vos clients.