Carl Jung a appelé « archétypes » les modèles de personnalité qui sont l’héritage partagé de la race humaine. Les archétypes sont constants à travers les époques et les cultures dans l’inconscient collectif. Dans notre expérience de vie, un archétype qui s ‘« exprime », nous éclaire sur ce qui se passe pour la collectivité ou … pour nous-même.

Depuis quelques temps l’archétype du « héros », que Joseph Campbell défini comme celui qui doit grandir, évoluer et apporter au monde sa contribution, est en redoublement d’activité !

Inspiré des mythes anciens, c’est dans une odyssée, le « voyage du héros », qu’est représentée la condition humaine d’être né dans ce monde, de grandir, d’apprendre, de lutter pour devenir un individu et de mourir.

Le héros est donc l’archétype dont l’énergie accompagne les réalités objectives vécues (les moments de transition, de changement) et l’adaptation interne (ou psychologique) liées à ces mouvements. Tout cela en gardant un sentiment d’identité propre.

Dans ce voyage des étapes sont à traverser.

La première étant de dire oui à l’« appel », au changement qui se propose, à la fin qui préside à une nouvelle émergence, une nouvelle possibilité. Le héros n’étant à l’origine qu’identifié à son égo, il y a le choix du refus d’entrer dans la transition, ou celui du sacrifice de la représentation qu’il a de lui-même. Un défi ! et un réel travail de deuil.

Puis c’est le temps de traverser le chaos, moment douloureux ou les repères se dissolvent, les croyances sont malmenées, l’incertitude ou l’insécurité s’installent. La solitude, dans ce moment-là est insupportable. Le soutien est nécessaire.

Vient enfin une forme de renaissance, de nouvelles acquisitions, de nouvelles compétences, une manière différente de voir le monde qui permet de se sentir à nouveau à sa place, au bon endroit. Une nouvelle conscience de soi émerge.

Le héros (ou plutôt son ego) est transcendé, son travail pendant cette odyssée, a été d’incorporer ses parties séparées. Ces parties sont celles qui étaient négligées telles les qualités et ressources (nous connaissons cela en sophrologie, nous les réactualisons !) comme celles qui n’étaient même pas connues à cause de nos croyances, nos a priori, nos « ça n’est pas moi ça », pour devenir une personne capable d’actualiser son potentiel, pour accomplir sa maturité d’humain.

Certes le modèle est « ancien » et on peut douter qu’il soit encore d’actualité. Cependant que ce soit à l’échelle individuelle, ou dans une famille, ou une entreprise le modèle fonctionne. Nous parlons et voyons depuis quelques mois, des changements et des « transitions » tant au niveau planétaire qu’individuel, de l’écologie à la reconversion.

Il est fréquent de voir des propositions d’« accompagnement au changement »

Or dans sa nature même, le changement est un processus relié à l’extérieur, subi ou choisi, mais visible et observable, reposant sur des faits, et d’une durée limitée dans le temps.

Souvent utilisée comme synonyme, la transition est, elle, un processus relié à l’intérieur (émotionnel, intellectuel …), une réorientation qui permet d’intégrer le changement extérieur. Elle n’est pas visible et sa durée est indéterminée.

Si nous voulons changer ou accompagner les personnes en « changement », la compréhension de cette différence est essentielle.

Le changement est la partie visible de ce que je vois, ou que le client nous expose, alors que la transition est le processus interne de gestion de ce changement.

La transition, à ce titre, requiert l’accompagnement d’un professionnel (qui a reconnu pour lui-même ces étapes !).

Si les deux processus doivent être gérés simultanément, prendre conscience des étapes à vivre et aider à les franchir, pour une transition réussie, permet à la fois de donner du sens au changement et de créer le chemin d’un futur apaisant et réussi.

Pour cette fin d’année, je vous souhaite de belles transitions, personnelles et/ou professionnelles. En même temps que je vous souhaite de belles fêtes.


Jacqueline BAUDET - Directrice ISHJacqueline