« Faire confiance doit devenir un droit de l’Homme »

 

– Jacques Attali

 

À l’heure des bilans, (nous sommes en fin d’année !), j’ai envie de vous partager un point de vue tout à fait personnel sur l’idée, émergeante mais pas si nouvelle, d’intégrer les pratiques complémentaires, donc la sophrologie, dans le « prendre soin » et la prévention de la santé.

 

Dans les faits, pour ne pas dire chez les « utilisateurs », c’est déjà une réalité.  La société va plus vite que l’organisation de la santé, et nous pouvons tous citer au moins un lieu médical ou la sophrologie trouve sa place ! En même temps un célèbre site de prise de rendez-vous de santé exclu les sophrologues (entre autres !) de sa plateforme. Personnes non diplômées, dérives sectaires, sont évoquées, sujets d’inquiétude, voire d’insécurité.

 

Il me semble que les raisons de l’exclusion soient très marginales. De fait, dans le monde médical, il est important de savoir comment ça marche, selon quel protocole, pour quel public. Le peu de moyens pour la recherche, le manque de modèle d’évaluation, et surtout les pratiques et formations diverses, créent une opacité dans la pratique du métier de sophrologue. Il me semble que c’est cette opacité qui crée l’insécurité, qui freine la confiance.

Là se pose la question, comment faire confiance, à quoi et à qui ?

 

Je ne doute aucunement que des modèles d’évaluation vont voir le jour, des moyens de recherche aussi et que les écoles, les sophrologues (ou les médecins) vont proposer d’étudier des « protocoles qui fonctionnent». Pour peu qu’elle n’entre pas en conflit (ou en doublon !) avec des pratiques déjà bien installées, la sophrologie serait prescrite pour répondre à une pathologie, comme un médicament ?

Pourquoi pas, mais, cela ne me convient pas !

 

D’abord méthode globale, la sophrologie s’adresse à la totalité de la personne, sa dimension physique, son aspect émotionnel, sa partie cognitive et existentielle. Elle ne limite pas à une pathologie, même si elle a les moyens de la prendre en charge. Elle offre aussi ce « nouveau regard » sur les choses et soi-même qui renforce la personne et améliore le quotidien (et même les projets futur).

Dans cette approche globale nous offrons, ce qui me semble complexe voire impossible à évaluer, et qui devient de plus en plus rare : de la présence et de l’écoute.

Le temps de la séance est un temps de rencontre, pas uniquement une union pour un engagement mutuel, où l’attention ne serait qu’à des protocoles à appliquer ou un problème à « gérer ».

Je crois que c’est un temps de présence à la personne pour entrer en contact avec sa singularité, sa manière unique d’être, de vivre, de se voir y compris dans la difficulté qu’elle apporte. Un temps pour ouvrir à l’expérience d’ « élargir » la conscience qu’elle a d’elle même, en se sentant accepté positivement.

Le temps de la séance est aussi un temps d’écoute qui va bien au delà de la narration du problème, ou de l’histoire que la personne apporte. Dans l’écoute, est en œuvre un processus pour accéder aux ressources, pour aider à trouver les réponses qui sont là, parce que la réponse ne vient pas de l’extérieur.

 

Ce temps de présence et d’écoute est le premier pas vers la sécurité et la confiance. Un soutien pour devenir l’artisan de sa propre solution, parce  seule la personne connaît ses besoins.

 

Pour en revenir à l’évaluation de la méthode, s’il me semble aisé de déterminer telle technique pour tel effet, comment et sur quels critères juger cette présence et cette écoute ? Qu’est ce qui définit la qualité d’une relation, où en est l’efficacité, ou plutôt qu’est ce qui est réellement efficace, en particulier dans un rapport d’accompagnement ?

J’ai encore envie de croire que les sophrologues peuvent être plus que des porteurs de protocoles. J’ai encore envie de croire qu’ils voient la personne au delà  d’une mécanique à améliorer. J’ai encore envie de croire que nous pouvons proposer quelque chose de précieux et rare : une relation de qualité dans laquelle l « autre » existe pleinement. Pas dans un dysfonctionnement.

 

D’aucuns me diront que c’est une utopie, et que les utopies peuvent être dangereuses, elles l’ont prouvé au siècle dernier, mais elles sont aussi un désir de mieux. Être réellement en relation, s’ « entendre » tel que l’on est, sans se référer aux dictats extérieurs, et surtout avoir confiance en ses potentiels et ses propres solutions.

 

 

 


Jacqueline BAUDET - Directrice ISHJacqueline

 

 

 

 

 

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